Maximilian PLESSNER, Ein Blick auf die grosten Erfindungen 
des zwanzigsten Jahrhunderts. 
I. Die Zukunft des elektrischen Fernsehens.

Ferd. Dämmlers Verlagsbuchhanndlung, Berlin, 1892 [1893].

 

Le livre de Maximilian Plessner, "Königl. Preuss. Hauptmann a. D." (commandant en retraite de l'armée royale prussienne) constitue une véritable curiosité, absolument méconnue des travaux les plus fouillés de l'histoire de la télévision. Nous sommes donc heureux d'en exhumer ici la mémoire, grâce à une traduction et à une lecture détaillée qui a été aimablement réalisée pour ce site par Nils Klevjer Aas. Cette traduction et le commentaire proposé par Nils Klevjer Aas sont accessibles (en anglais) sous forme de PDF.

Nous ne connaissons que deux références à l'ouvrage de Plessner, dans les publications suivantes, qui nous ont d'ailleurs permis d'en retrouver la trace :

"Jan Szczepanik und Maximilian Plessner. Der Erfinder des Telektroskops und sein Vorläufer", Vom Fels zum Meer, Stuttgart, Mai 1898, pp. 160-165.

SCHÖFFLER, B., Die Phototelegraphie und das elektrische Fernsehen, W. Braumüller, Wien, 1898, 27 p.



L'ouvrage de R. Ed. Liesegang, paru un an avant celui de Plessner et qui a lancé le mot "Fernsehen" (Coll. A. Lange)

Paraissant un an après l'ouvrage de Raphael Eduard Liesegang (LIESEGANG, R.E. , Beiträge zum Problem des electrischen Fernsehens. Probleme der Gegenwart, Band 1. Liesegang Verlag, Düsseldorf, 1891.), l'ouvrage de Plessner est le deuxième ouvrage connu en langue allemande sur la télévision et, si l'on tient compte du brevet (1884) et de l'article (1885) de Nipkow, il constitue la troisième contribution importante.

Après deux ans de recherches, nous n'avons pu identifier l'existence que d'un seul exemplaire  de cet ouvrage, conservé à la Österreichische Zentralbibliothek für Physik (Wien), qui nous en a aimablement communiqué une copie.

    

 

La contribution d'un autodidacte

Comme le montre l'analyse proposée par Nils Klevjer Aas, Maximilian Plessner est un commandant à la retraite de l'armée prussienne. L'article paru un 1898 dans le magazine populaire Vom Fels Zum Meer l'introduit comme l'inventeur d'un appareil que l'on peut introduire dans les oreilles afin de ne plus entendre aucun bruit, une invention qui peut laisser penser que Plessner avait travaillé dans l'artillerie. Plessner aurait envisagé deux volumes pour sa publication sur les grandes découvertes du 20ème siècle : outre celui qui nous concerne consacré à la télévision électrique, un  deuxième devait paraître sur le développement de l'aéronautique. Mais Plessner aurait renoncé à la publication de ce deuxième volume par patriotisme, pour ne pas fournir d'informations à l'ennemi. 

L'originalité de l'apport de Plessner a l'histoire de la télévision n'est pas d'ordre technique : Plessner n'est qu'un "inventeur" de plus proposant un appareil basé sur l'utilisation des propriétés photo-sensibles du sélénium. Son apport est bien plus dans la réflexion sur les usages sociaux - et mêmes les conséquences démographiques - qu'il imagine pour la télévision. Notons néanmoins qu'en matière de technique, il est le premier à imaginer un appareil d'enregistrement des images animées, qu'il propose d'appeler hyaloscope. L'existence de cette sorte de magnétoscope avant la lettre, aurait pu permettre, suggère-t-il, d'enregistrer  en 1870 la grande parade berlinoise de l'armée prussienne victorieuse et d'utiliser ces enregistrements pour l'éducation patriotique des jeunes générations.. Du même coup, Plessner est le premier à formuler les potentialités propagandistes de la future télévision. Un addendum final évoque le kinétograph d'Edison, faisant également de la brochure de Plessner le premier texte évoquant la convergence des recherches sur la télévision (issues des dévéloppements des télécommunications) et celles sur la cinématograhie (issues de la photographie).




L'inauguration de la Siegessäule, la Colonne de la Victoire (Berlin, 1873). Plutôt qu'une colonne de
commémoration des victoires de l'Armée prussienne, Le Commandant Maximilian Plessner imaginait l'hyaloscope, sorte de magnétoscope qui aurait permis l'enregistrement de la Grande Parade de 1870. (Source : site Deutsches Kaiserreich)

 

Comme le souligne Nils Klevjer Aas, la brochure de Plessner est également un témoignage intéressant sur la psychologie d'un inventeur frustré et déçu. De toute évidence, Plessner s'identifie à Philip Ries, inventeur allemand d'un téléphone dont plusieurs historiens du téléphone reconnaissent aujourd'hui qu'il a anticipé les découvertes de Graham Bell. Par cet aspect de plaidoyer, la brochure auto-justificative de Plessner s'inscrit dans la lignée de la brochure d'Adriano de Paiva La téléscopie électrique basée sur l'emploi du sélénium (1880) et de celle de Constantin Senlecq Le télectroscope (1881). 

Translation, abstracts and comments by Nils Klevjer AAS

 

Histoire de la télévision       © A. Lange

Dernière mise à jour : 23 janvier 2003